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Vous ne pouviez pas le manquer lors du dernier Salone. Les années 1970 sont partout : sur les stands des salons professionnels, dans le design, dans les campagnes publicitaires pour l’industrie de la décoration intérieure et parmi la nouvelle génération de designers. Pourtant, les années 70 n’ont pas été une période facile. Et n’avons-nous pas déjà passé les dix dernières années enfermés dans notre bulle beige en matière de décoration intérieure ? Eh bien, nous le disons depuis un certain temps déjà : cette tendance beige est enfin en train de perdre de son emprise, même s’il faudra encore un peu de temps avant qu’elle ne disparaisse des salons moyens.

Les années 70 : une décennie de contrastes et de bouleversements sociaux, culturels, politiques et économiques. Et si j’écrivais : les années 2020 sont une décennie de contrastes et de bouleversements sociaux, culturels, politiques et économiques ? Vous voyez où je veux en venir. Tout comme dans les années 70, notre décennie actuelle est marquée par l’agitation et les perturbations. À l’époque, les gens descendaient dans la rue pour protester contre la guerre du Vietnam ; aujourd’hui, nous manifestons contre la violence à Gaza et en Ukraine. Il y a cinquante ans, le monde a été frappé par une crise pétrolière sans précédent ; il y a deux ans, nous avons été confrontés à une crise gazière qui a littéralement plongé nos rues dans le noir. Les années 1970 ont été secouées par le scandale du Watergate et la chute du président Nixon ; aujourd’hui, un demi-siècle plus tard, Trump fait la une des journaux avec autant de turbulences. Et saviez-vous que c’est dans les années 70 que les gens ont commencé à prendre conscience que notre mode de vie nuisait à la planète ?

 

En bref : les années 1970 ont beaucoup en commun avec notre époque, et il est frappant de voir comment nos intérieurs y répondent. En période d’instabilité, les gens aspirent à un cocon sécurisant qui respire la chaleur et l’intimité. Et quoi de plus typique des années 70 que l’archétype d’une maison confortable : coins salon, tissus sombres, bois brun riche et moquette à poils longs mur à mur ? Tous les ingrédients sont de retour au menu, prêts à faire leur retour dans nos salons : le brun comme teinte dominante, rehaussé par du jaune chaud, du rouge sang de bœuf profond et une touche de beige. Les surfaces brillantes font également sensation, du verre transparent – Sabine Marcelis reste une star – au revêtement laqué brillant des meubles et des murs. La tendance organique s’intègre parfaitement à l’esthétique des années 70, main dans la main avec un futurisme ludique.

 

En avril, le plus grand stand du salon de Milan était imprégné du style des années 70 : Minotti. Après le décès de son directeur artistique de longue date, Rodolfo Dordoni, la marque a invité cinq designers et studios – Marcio Kogan, Studio MK27, Giampiero Tagliaferri, Hannes Peer, Nendo et GamFratesi – à créer chacun un décor unique. Tous les cinq ont dévoilé de nouveaux meubles et des ambiances imprégnées de références aux années 70, bien qu’ils soient originaires de pays et même de continents différents. Et Minotti n’était pas la seule à se tourner vers le passé. MDF Italia a adopté des tons plus sombres et des formes rétro, tandis que la marque sœur Acerbis est depuis longtemps imprégnée de l’esprit des années 70. La designer londonienne Faye Toogood a redonné vie à la marque italienne Tacchini avec un langage profondément ancré dans les années 70, revisité avec une touche de modernité. Ses créations se sont répandues comme une traînée de poudre dans le monde du design, preuve que l’industrie a pleinement adopté la nouvelle vague. Même Knoll et Moroso, connus pour leurs lignes épurées, n’ont pas pu résister à la tentation de lancer des collections qui s’intégreraient parfaitement dans un salon d’il y a un demi-siècle. Le duo milanais/rotterdamois Formafantasma a présenté une nouvelle lampe en verre pour Flos : dans l’esprit des années 70, mais réinventée avec la technologie LED d’aujourd’hui pour en faire une pièce audacieuse.

 

Car, comme pour toute renaissance, il ne s’agit jamais d’une copie conforme. Bien sûr, nous ne sommes plus en 1970 : les nouveaux matériaux et techniques nous permettent de réinterpréter les choses différemment, et souvent mieux. Les exemples les plus évidents se trouvent dans la nouvelle vague d’hôtels design inspirés de cette époque. Le Standard Hotel, qui a ouvert ses portes à Bruxelles-Nord, est une véritable vitrine des années 70 : des matériaux et des couleurs aux textures et au mobilier. Son restaurant sur le toit coche toutes les cases : mobilier en acier tubulaire (le Bauhaus a fêté ses 100 ans cette année), arcs en plein cintre, cercles et tons chauds qui créent l’ambiance. L’Experimental Hotel Marais à Paris est imprégné du style des années 70, avec une moquette qui vous transporte instantanément dans le salon de vos parents. Le Bikini Berlin s’inspire également de la même période. Les hôtels, comme nous le savons, sont des espaces expérimentaux, et tôt ou tard, leur influence se répercute dans nos maisons. En fait, les nouveaux meubles font déjà leur apparition dans les magasins et la vague des années 70 prend de l’ampleur. Pendant ce temps, les studios de design du monde entier jouent avec les éléments des années 70 de manière originale et inventive, à l’image du studio espagnol Clap Studio avec son club Oven récemment ouvert à Valence (couverture). The beat is on !

Yours truly – Nicolas Block